MOAIS by IONNA VAUTRIN
du 29 janvier au 27 mars 2010
Ionna Vautrin possède un goût prononcé pour le motif et la couleur, caractéristiques que l’on trouve réunies aujourd’hui dans le projet Moaïs, une collection de luminaires à poser ou à suspendre établie à partir de cinq formes différentes. Chaque modèle est constitué de dix feuilles de polycarbonate et de dix 'peignes' en aluminium peint ou anodisé. Seul élément indépendant, la base conique en aluminium roulé noir des lampes à poser se décline en trois hauteurs.
A l’origine, la designer s’est avant tout intéressée à la dimension constructive du projet. Elle cherche à réaliser un objet facile à monter, à partir d’éléments plats, un objet qui passe de la 2D au volume, comme si on soufflait dans un ballon. Très vite après l’esquisse d’un principe hyper rationnel, l’outil informatique entre dans le processus de création. Il permet la réalisation des maquettes qui viendront vérifier la validité des intuitions. Avec l’usage des logiciels, la forme se lire peu à peu de la symétrie de départ, le dessin se complexifie. Les contours de chaque pièce, l’élément de jonction (le peigne) comme les développés des dix morceaux en polycarbonate, dépendent des calculs de la machine. Tout comme le placement à intervalle régulier des trous dans lesquels s’insèrent les dents de chacun des peignes. De cette précision mathématique naissent des formes organiques, certaines blanches, d’autres recouvertes de motifs sérigraphies. Pour Ionna Vautrin, créer un motif est une manière d’habiller un objet, de lui donner un caractère, une épaisseur supplémentaire. Alors que ses ornements sont souvent issus de l’univers de la couture et du textile, dentelle, matelassé, broderie au point de croix, elle propose ici un dessin d’inspiration japonisante. C’est assez compliqué de réaliser un motif qui se place bien sur tout le volume de la lampe, une fois l’ensemble des facettes réuni, souligne-t-elle. Pour qu’il fonctionne correctement, il faut également travailler le niveau de gris, jouer sur sa densité.
Les suspensions ont quelque chose du lampion chinois. Renversées sur des socles, elles évoquent des visages voire des sortes de totem. Pour sa première exposition personnelle, Ionna Vautrin joue avec jubilation sur la combinaison forme typologie couleur motifs et nous offre des présences lumineuses et amicales dont l’apparente évidence cache une mise en oeuvre de haute précision. Un subtil équilibre entre raison et émotion.
Claire Fayolle.

